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Détente / Contes / Arabe

Contes Mythes et Légendes N° : 194

Histoire de la reine serpent


1) Il y avait autrefois, au temps où les hommes étaient avisés un sage érudit du nom de Daniel, qui longtemps avait espéré un fils. Mais enfin son rêve se réalisa, il était hélas bien vieux et tout près de lair. Avant d'être emporté vers l'au-delà, il fait venir son épouse et « Hélas C'est maintenant qu'il me faut vous quitter toi et l'enfant qui va naître. J'ai peu de biens à lui laisser en héritage, mais puisse-tu avec l'aide d'Allah, lui donner le goût et l'envie de s'instruire et d'acquérir la sagesse... » Hasib naquit peu après la mort de son père. Respectant la volonté du défunt, sa mère accorda la plus haute importance à son éducation et à son instruction et l'envoya à l'école dès l'âge de cinq ans. Mais Hasib ne ressemblait en rien à son père ; à l'école il était toujours le dernier, et paraissait incapable d'apprendre un métier. Sa mère était désespérée et ne savait plus que faire de lui lorsque quelques bûcherons de ses voisins lui proposèrent de l'emmener avec eux couper les arbres de la forêt. A la grande surprise de tous, ce travail a l'air de plaire à Hasib. Infatigable, il aide

2) à couper le bois et à le transporter, si bien que les bûcherons, fort contents de lui, lui proposent de travailler avec eux. Un jour, en pleine forêt, ils sont surpris par un orage et vont chercher refuge dans une grotte obscure en attendant que la pluie cesse. Assis dans un coin, à l'écart des autres, Hasib s'amuse à donner des coups de hache dans les énormes blocs de pierre qui sont à ses pieds. Étonné par les sons creux que cela produit, et pensant que sans doute ces pierres dissimulent quelque ouverture, il entreprend de les déplacer, et là, il ne peut retenir un cri en découvrant juste au-dessous de lui, une sorte de niche d'où s'échappe une délicieuse odeur de miel... Aussitôt les bûcherons se précipitent, et l'un d'entre eux glisse sa main dans l'ouverture; ses doigts s'enfoncent dans une substance épaisse et poisseuse aucun doute, Hasib vient de découvrir un plein bassin de miel... Les bûcherons ne perdent pas une minute pour profiter de l'aubaine et en tirer avantage. Ils courent chez eux chercher des jarres, des bassines de cuivre et tout ce qu'ils peuvent trouver, et tandis qu'Hasib

3) garde l'entrée de la grotte, ils vont et viennent, remplissant leurs récipients et vendant le miel jusqu'à la dernière goutte. De simples bûcherons qu'ils étaient, ils deviennent en quelques jours marchands, et c'est seulement alors qu'ils pensent à récompenser Hasib : c'était lui qui avait trouvé le miel. "Il n'y a qu'une chose à faire", dit le plus vieux d'entre eux après avoir longtemps réfléchi. « Il faut se débarrasser de lui. » Et tous les autres approuvèrent, car s'ils étaient devenus riches, ils étaient aussi devenus méchants et cupides... Mettant à exécution leur funeste projet, ils proposent dès le lendemain à Hasib de le faire descendre au bout d'une corde dans le trou, pour en retirer les dernières gouttes de miel, et dès que ses pieds ont touché le fond, ils lâchent la corde, referment l'ouverture à l'aide de blocs de pierre, et s'en retournent à la ville en pleurant et en criant que le pauvre Hasib est mort, dévoré par les loups. Or, tandis que sa mère sanglote et se lamente de la perte de son fils unique, Hasib, assis au fond du trou, cherche désespérément un moyen de

4) s'échapper ; enfin ses yeux rencontrent dans l'obscurité un faible rayon de lumière sur l'une des parois du trou. Comme il se dirige à tâtons vers cette lueur tremblotante, ses doigts rencontrent un pan de la paroi mal ajusté et qui semble céder facilement par une simple pression des mains. En fait Hasib a bientôt les mains en sang tant il est obligé de pousser pour finalement voir s'élargir le mince filet de lumière. Voyant ses efforts récompensés, il s'acharne de plus belle la paroi finit par céder et par lui laisser assez de place pour pouvoir passer... Il se trouve alors dans un étroit passage bien éclairé qui conduit à une immense porte de fer toute noire derrière laquelle brille une autre porte en argent ciselé fermée par une clef d'or... Hasib fait jouer la clef dans la serrure et ouvre la porte : là, devant lui, s'étend un lac d'un vert magnifique, si étincelant qu'il peut à peine le regarder. Or ce n'est pas un lac ordinaire. Et ce n'est pas la surface de l'eau qui brille d'un éclat aussi pur, mais une multitude d'émeraudes au milieu desquelles s'élève un trône d'or entouré d'une centaine

5) de tout petits sièges Hasib essaye de les compter, mais à bout de forces, il se laisse bientôt envahir par le sommeil. Qui sait depuis combien de temps il dort lorsqu'il est réveillé par d'étranges sifflements, comme s'il était entouré de milliers de serpents ... Hélas, il ne s'agit pas de milliers de serpents mais plutôt de dizaines de milliers. Ils sont assis sur les petits sièges et se balancent d'un côté et de l'autre, leurs méchants yeux noirs fixés sur lui... Au milieu, sur le trône, un serpent à visage de jeune fille le regarde et l'interpelle : « Ne crains rien, Hasib. Ta destinée est liée à la mienne, et je ne te ferai aucun mal. Je suis la reine serpent, et je dois t'enseigner la sagesse car tel est mon destin ; tu ne pourras retourner parmi les tiens que lorsque tu seras suffisamment sage et instruit... » Hasib se demande un instant s'il n'est pas en train de faire un cauchemar, mais quand la reine lui fait apporter des fruits et de quoi se restaurer, il reprend confiance, et lui raconte ce qui lui est arrivé. « Tu ne connais pas encore les hommes », lui dit la reine quand il a

6) terminé. « Désormais il te faudra m'écouter et apprendre jusqu'à ce que le monde commence à te manquer... » Ainsi deux années s'écoulent, pendant lesquelles Hasib découvre et apprend toute la sagesse du monde, avant qu'enfin il ne se souvienne de sa maison et de sa mère. Alors il confie à la reine son désir de quitter le royaume des serpents pour s'en aller retrouver le monde. « Je savais que tu voudrais repartir un jour », lui dit la reine, « car c'est dans l'ordre des choses. Mais tu dois me promettre, car ma vie en dépend, de ne jamais entrer dans un bain public ni te montrer nu à qui que ce soit. »Hasib accepte, sans toutefois comprendre, l'étrange requête de la reine, puis celle-ci le reconduit à travers les nombreuses galeries jusqu'à la surface de la terre, après l'avoir comblé de cadeaux. Aussitôt Hasib se hâte d'aller embrasser sa mère qui se met à pleurer de joie en le voyant en vie et en bonne santé, elle qui l'avait cru mort... Même les bûcherons, qui sont maintenant devenus de riches marchands, lui font bon accueil et chacun d'eux lui donne une partie de sa fortune ;

7) ainsi Hasib devient en peu de temps un homme fort respecté. Aussi quoi de plus naturel qu'Hasib devienne très vite un habitué de la cour du sultan ? Tous l'admirent pour l'étendue de ses connaissances, et il n'a que des amis excepté le vizir Schumur qui le jalouse secrètement... Or un jour, le sultan Karazdan contracte la lèpre, et personne pas même Hasîb, malgré son savoir, n'est en mesure de le soigner. Il advient alors dans le même temps que le vizir Schumur invite Hasib dans son hammam personnel... Celui-ci, bien qu'il ait toujours respecté le désir de la reine serpent, se trouve cette fois dans l'impossibilité de refuser l'invitation. Que dire au vizir ? Il se rend donc au hammam, mais dès qu'il s'est déshabillé le vizir appelle ses gardes et le fait saisir. "Persistes-tu toujours à dire que tu ne connais aucun remède à la maladie du sultan ? "lui dit-il, et il ajoute « Tu as la peau de l'abdomen, seuls ceux qui ont été initiés par la reine serpent portent cette marque ». « Et quel rapport avec la maladie du sultan ? » demande Hasib étonné. « Je constate que tu n'es pas aussi instruit qu'on

8) le dit », explique le vizir, « car il est écrit dans tous les livres qu'on ne peut guérir un lépreux qu'en lui faisant absorber un morceau de chair cuite de la reine serpent... Et comme tu es la seule personne qui sache où se trouve son royaume, tu vas immédiatement nous y conduire sinon le sultan mourra ainsi que toi-même. » Le malheureux Hasib ne peut qu'obéir, et il conduit le vizir et ses gardes jusqu'à la grotte. Très vite il retrouve les galeries et les passages et arrive bientôt à la porte d'argent où l'attend déjà la reine. « Je sais ce qui t'amène, Hasib », lui dit-elle en l'accueillant, « et je sais aussi que je dois mourir, bien que j'aie tout fait pour empêcher un destin si cruel. Ne crains rien et emmène-moi au palais du sultan. » A la grande stupéfaction des gardes, Hasib soulève la reine serpent dans ses bras et la conduit jusqu'au palais. Là, le vizir se hâte dans la chambre du sultan pour lui annoncer la bonne nouvelle, laissant la reine un instant seule avec Hasib. « Ecoute », lui dit-elle alors, « ce sont sans doute mes dernières paroles... Le vizir Schumur a fait le projet

9) de te tuer. Quand il m'aura coupée en morceaux, il me mettra à cuire, et te demandera alors de recueillir l'écume dans une petite bouteille. Garde celle-ci précieusement, car peu après il te demandera de remplir une deuxième bouteille identique, prends bien garde de ne pas boire de celle-là ... » A peine a-t-elle achevé sa phrase que le vizir revient avec un large couteau à la lame tranchante. Et tout se passe exactement comme elle l'a dit. Ainsi, au moment venu, le vizir dit à Hasib « Donne-moi la première bouteille d'écume, et toi prends la seconde. Trinquons ensemble pour devenir les plus sages parmi les sages...» Hasib, suivant les derniers conseils de la pauvre reine serpent, lui tend alors la deuxième bouteille. Mais dès que Schumur avale la première gorgée il tombe raide mort, pris à son propre piège... Quant au sultan Karazdan, il recouvre peu à peu la santé après avoir absorbé la chair de serpent, et une fois complètement rétabli il fait d'Hasib son grand vizir, car qui dans le royaume pourrait montrer plus de sagesse que celui qui a appris de la reine serpent elle-même?...